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Photo du rédacteurGwendolyn Mc Keown

Pardonne-moi de t'aimer moins

Dernière mise à jour : 18 févr. 2021

Pardonne-moi d’avoir pris mon temps pour te revenir.

On dit que le cœur est élastique; c’est vrai. J’ai senti son ampleur quand il a fait une place énorme pour ce petit être qui a fait de nous une famille. En revanche, mon corps n’a pas eu la même capacité face à ce trop-plein d’amour.


Malheureusement, tu en as payé le prix.


Mon corps surchargé et mon cerveau plein de lait t’ont gardé à l’écart. Je n’arrivais plus à trouver ta place près de moi. Tes mains géantes, comparées aux minuscules petites menottes de mon bébé, paraissaient grossières et déplacées. Ta bouche près de mes seins menaçait cette bulle fragile d’allaitement que j’avais créée. Alors, je t’ai gardé loin de moi pendant un moment.


Malgré la distance que j’ai mise entre nous, je suis tombée en amour avec le père que tu es devenu. Ce père présent et doux, obnubilé par son fils a totalement volé mon cœur. Ces changements en moi m’ont fait douter de tout. Terrorisée à l’idée de devenir froide et de démanteler la famille de ce petit être. Certaine de ne plus jamais revenir à cette époque où ta place près de moi était naturelle, passionnelle et rassurante.


Toi, tu m’as donné du temps, tu as attendu ton tour. Tu m’as laissée découvrir ma maternité, dans ma bulle. Tu es resté près de nous, patient et respectueux, impressionné par la fusion qui s’était créée entre ton fils et moi.



Sans dire un mot au sujet de cette interdiction de toucher ces seins plus gros que nature. Je sais, c’était de la torture. Pardonne-moi.




Éventuellement, tu m’as vue sortir de ma torpeur. Mes yeux ont dormi… enfin. Puis, ils se sont désembrouillés pour voir sur toi non seulement la couleur d’un père, mais d’un mari et d’un amant. Je ne t’avais pas oublié, promis. Mon cerveau s’est tranquillement vidé de lait pour enfin faire place à des conversations d’adultes. J’ai alors senti s’éveiller en moi quelque chose de grand, quelque chose que j’avais presque oublié; mon unicité. J’allais enfin pouvoir inviter une autre personne dans ma bulle, mais encore une fois, ce n’était pas toi.


Pardonne-moi. Ce n’est pas juste, je le sais. Ça devait être ton tour. Cette invitée, elle s’est imposée. On ne savait même pas qu’elle faisait partie du concours… Elle t’a dérobé ta place de façon sournoise et sans préavis. Je ne pouvais pas l’abandonner à nouveau, je ne pouvais pas l’ignorer. C’était moi! Une version de moi lointaine, une version de mon essence qui n’était pas une mère. Je ne m’en étais pas occupée depuis si longtemps.


Elle avait des carences en tout. Je l’ai lavée, je l’ai bercée, je l’ai nourrie à grandes cuillerées de mots de grands. J’ai rempli ses réserves de temps seule avec elle-même, même aux toilettes. Nous avons profité de notre corps qui ne faisait plus mal. Nous avons pris notre temps, ensemble, à nous redécouvrir. Elle m’a parlé de balance, d’équilibre et de toi. Cet homme qui lui faisait tant de bien, celui qui la faisait rire, qui la consolait et qui la faisait jouir.

C’est elle qui m’a ramenée vers toi. Finalement, elle n’était pas si mal intentionnée, cette coquine. Elle ne t’a pas volé ta place, elle voulait simplement s’assurer d’être présente quand tu la reprendrais. Dieu merci, car c’est avec elle que tu joues le plus sincèrement. C’est avec elle que tu partages cette complicité, cet humour, cet amour.


Mon amour, pardonne-nous d’avoir pris notre temps dans ce retour vers toi.

Pardonne-nous de t’avoir écarté pour un temps.

Tu nous manques. Tu peux revenir maintenant.


Ta femme et la mère de tes enfants



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